Organismes de quarantaine
Pourriture annulaire (Clavibacter michiganensis subsp. sepedonicus)
La bactérie Clavibacter michiganensis subsp. sepedonicus (anciennement dénommée Corynebacterium sepedonicum) est l’agent responsable du flétrissement bactérien en végétation et de la pourriture annulaire sur les tubercules. Cette bactérie est plutôt présente dans les régions à climat frais : Scandinavie, Nord Europe, Nord Asie, Amérique du nord et zones tempérées de l’Amérique du sud. Cependant, elle a été décrite plus récemment dans des pays à climat plus chaud comme la Grèce et l’Espagne. L’hôte naturel de cette bactérie est la pomme de terre mais elle peut également infecter l’aubergine ou la tomate de façon artificielle. La bactérie pénètre dans le système vasculaire de la plante par des blessures naturelles ou artificielles. Elle va se multiplier activement et l’accumulation des bactéries et des produits de dégradation des tissus végétaux vont provoquer l’occlusion des vaisseaux du xylème et perturber la circulation de la sève provoquant alors le flétrissement de la plante.
Importance économique
La pourriture annulaire est une bactérie de quarantaine de la pomme de terre, qui est classée au niveau européen sur les listes des Organismes Nuisibles Réglementés (ONR) pour lesquels aucune tolérance n’est admise. Elle peut causer de graves dommages aux cultures de pomme de terre (flétrissement du feuillage, pourritures de tubercules, pertes de rendement allant jusqu’à 50 %) notamment dans le cas de coupe des tubercules à la plantation. Comme la bactérie est très contaminante et persistante dans les plantes et les débris végétaux dans le sol, la maladie est soumise à des mesures préventives et exigences strictes pour éviter sa disémmination par le transport de plantes.
Les symptômes en végétation ne sont pas toujours très apparents car ils apparaissent assez tardivement, souvent en même temps que la sénescence des plantes.
Les premiers symptômes se caractérisent par un flétrissement des feuilles basales qui s’enroulent et se chlorosent. Le flétrissement progresse alors rapidement vers l’apex (figures 1 et 2). Ce flétrissement ne s’accompagne pas d’une décoloration de l’ensemble des feuilles mais seulement de zones décolorées entre les nervures.
Certains cultivars développent des formes de nanisme et des symptômes en rosette.
Symptômes sur tubercules
L’expression de la maladie sur les tubercules se caractérise par une coloration jaunâtre à brune de l’anneau vasculaire. Ce dernier va libérer un exsudat crème formé par les bactéries et les cellules végétales décomposées (figure 3).
En phase extrême, le tubercule est craquelé en surface et des taches sombres apparaissent sous le périderme. Il se décompose ensuite sans odeur particulière et une cavité peut se creuser à l’intérieur (figure 4).
Facteurs de risque
Les conditions environnementales jouent un rôle important sur l’expression de la maladie. Des températures de sol de 25 °C vont favoriser le flétrissement des plantes alors que très peu de symptômes ne seront visibles à 16 °C.
La conservation de la bactérie dans un sol nu semble faible alors que les fanes et les tubercules laissés au champ constituent des lieux d’hébergement, qui permettent à ce pathogène de survivre plusieurs années dans les parcelles. Les conditions fraîches et humides du sol favorisent la conservation de la bactérie.
Les tubercules infectés constituent une des principales sources d’inoculum car ils peuvent être porteurs d’infections latentes sur plusieurs générations avant que le taux d’inoculum devienne assez important pour provoquer les symptômes caractéristiques de la maladie (flétrissement et pourriture annulaire).
La dissémination de la bactérie peut se faire de façon mécanique, par contacts des tubercules sains avec des tubercules infectés ou des surfaces ayant été en contact avec ces tubercules malades (matériel agricole, locaux de stockage, etc.).
Certains insectes comme le doryphore (Leptinotarsa decemlineata) et le puceron vert du pêcher (Myzus persicae) peuvent être vecteurs de la bactérie.
Clavibacter michiganensis sepedonicus est un parasite qui figure sur la liste des organismes de quarantaine, pour lequel aucune tolérance n’est admise et fait donc l’objet de mesures de lutte obligatoire.
La lutte intégrée et les méthodes préventives constituent le meilleur moyen pour réduire l’impact de cette maladie lorsqu’elle est présente dans un lieu donné et éviter son introduction dans des zones saines :
- Utiliser des plants certifiés ayant fait l’objet de contrôles au champ et en laboratoire, qui restent la meilleure garantie pour éviter la dissémination de la maladie,
- Cultiver dans un environnement sain : sol indemne de la bactérie, élimination des mauvaises herbes et des repousses, assèchement,
- Utiliser du matériel agricole désinfecté pour les pratiques culturales et les lieux de stockage.