Organismes de quarantaine
Nématodes à galle (Meloidogyne spp)
Agents responsables et transmission
Les nématodes à galle du genre Meloidogyne comportent plus de 90 espèces et la plupart sont des parasites obligatoires se développant sur les racines et les organes souterrains des plantes. Au moins six espèces sont responsables de dégâts agronomiques importants sur des cultures comme la pomme de terre, en provoquant des baisses de rendement et une détérioration de la qualité des tubercules suite à des déformations externes (galles) et des nécroses internes dans la chair.
Certaines espèces de Meloidogyne sont très répandues en pays chauds, depuis le pourtour méditerranéen jusqu’aux tropiques : M. arenaria, M. javanica, M. incognita. D’autres espèces sont plus adaptées aux conditions méditerranéennes et tempérées comme M.hapla, M. chitwoodi et M. fallax. M. chitwoodi a ainsi d’abord été décrit au Nord des Etats-Unis alors que M. fallax a été initialement signalé en Europe du Nord.
Les nématodes à galle sont des endoparasites obligatoires sédentaires qui accomplissent l’essentiel de leur cycle de vie à l’intérieur de la plante hôte. A part le mâle adulte, seul le stade larvaire (J2) est mobile et constitue le stade infectieux. L’activité d’alimentation à partir des tissus de la pomme de terre produit une hypertrophie cellulaire, conduisant à des déformations – ou galles – de racines et de tubercules.
Ces nématodes sont véhiculés par le transport des plantes destinées à la replantation comme les tubercules de plants de pomme de terre, avec ou sans symptômes, et par toute plante enracinée (tomate, laitue, etc.) produite dans une parcelle infestée. Ils peuvent également être introduits par l’apport de terre infestée. Une fois que ces nématodes sont installés dans une région, il peuvent se propager à la faveur du mouvement de terre adhérente aux machines ou à des produits végétaux ou organiques.
Ils sont extrêmement polyphages et sont capables de se développer sur de nombreuses plantes cultivées (betterave, carotte, céréales, colza, etc.) et des mauvaises herbes (morelle, etc.). Contrairement aux espèces méditerranéennes, M. chitwoodi et M. fallax se développent sur les graminées. Ils sont donc très difficiles à éradiquer.
Importance économique
Les nématodes à galle constituent des ravageurs susceptibles d’avoir d’importantes conséquences agronomiques sur les cultures. Les espèces M. chitwoodi et M. fallax ont en Europe le statut de parasites régementés (i.e. de quarantaine) imposant de strictes mesures de lutte obligatoire pour en prévenir la dissemination. Avec leur mobilité réduite et leur parasitisme obligatoire, ces nématodes se transmettent principalement par le transport de matériel végétal comme les tubercules de pomme de terre, avec ou sans symptôme et les plants de légumes racinés (tomate, laitue, chou, etc.) ainsi que par le transport de terre contaminée.
Symptômes
Les nématodes à galle provoquent différents types de symptômes visibles sur plusieurs organes de la pomme de terre :
– Sur plantes : nanisme
– Sur racines : galles
– Sur tubercules : galles ou boursouflures lisses, ressemblant parfois à des pustules de gale commune.. À l’intérieur, on peut observer, sous l’épiderme, des petites masses blanchâtres gélatineuses et translucides qui sont les femelles de nématodes et leurs masses d’oeufs adhérentes .
Les symptômes dus à M. chitwoodi peuvent évoluer ultérieurement en taches rougeâtres internes autour des femelles de nématodes (figure 7).
L’identification de l’espèce ne peut se faire qu’en laboratoire.
Facteurs de risque
Une fois introduites dans une parcelle agricole d’une zone de production, les populations de M. fallax et M. chitwoodi peuvent s’installer facilement dans l’environnement et se multiplier sur des cultures hôtes comme la pomme de terre
L’absence de rotation culturale ou l’implantation d’autres cultures hôtes dans la rotation (carottes, salsifis), une mauvaise maîtrise des repousses et l’utilisation de semences fermières sont des conditions favorables à leur établissement persistant.
Une attention particulière doit être accordée au travail du sol et aux mouvements de terre ainsi qu’ à la gestion des résidus de récolte et des déchets des usines de transformation qui peuvent être des voies de dispersion potentielle de ces nématodes à galle.
M. chitwoodi et M. fallax sont classés parasites de quarantaine et font l’objet de mesures de lutte obligatoire.
La lutte est difficile en raison de la gamme d’hôtes très étendue. Une identification précise des espèces en cause est nécessaire du fait des différences de plantes hôtes. Les mesures suivantes sont préconisées dans la lutte contre les nématodes à galle :
– Choisir des plants sains et certifiés et éviter les introductions de terre, de plantes racinées et de tubercules en provenance de zones touchées,
– Réaliser des traitements nématicides permet de réduire l’inoculum et les dégâts sur les variétés sensibles, en cas de fortes infestations, mais le coût élevé et la toxicité des ces produits limitent leur utilisation;
– En cas de faibles infestations, une plantation et une récolte précoce peuvent limiter les dommages sur les tubercules car ces nématodes se développent surtout en conditions chaudes (arrière-saison),
– Un vide sanitaire d’un an ou deux, avec une jachère noire c’est-à dire une période sans aucune culture ou adventice, réduit l’infectation du sol par les nématodes à galle plus efficacement que des cultures intercalaires dont le choix depend de l’espèce et des races de Meloidogyne présents dans la parcelled. Les rotations avec des céréalses sont souvent recommandées en présence de M. arenaria, M. javanica ou M. incognita mais pas pour M. chitwoodi. D’autres cultures parmi les Brassicaceae ont un certain niveau de résistance à M. chitwoodi et peuvent être utilisées en engrais verts avec un effet sur la réduction des populations de nématodes;
Des méthodes alternatives ont été testées avec succès en conditions expérimentales comme des traitements biologiques à l’aide de champignons prédateurs (type Arthrobotrys) ou de bactéries (type Bacillus penetrans) mais leur validation pour des applications en plein champ nécessite encore des recherches complémentaires;
Il n’existe pas actuellement de variété de pomme de terre totalement résistante. Par contre, d’autres plantes horticoles sont résistantes à M. arenaria, M. javanica et M. incognita (par exemple des cultivars de tomate possédant le gène de résistance Mi) et peuvent être utilisées avec succès dans la rotation.